Les opposants aux éoliennes ne cessent de parler «d’éolien industriel» ...
Hasard du vocabulaire ou qualificatif soigneusement préconisé dans le kit du parfait petit opposant pour frapper les esprits ?
Un membre de l'association "Courants alternatifs" a voulu décrypter cet usage, et vous trouverez le résultat de ses réflexions dans la suite de cet article. Tout laisse à croire qu'on cherche à nous manipuler pour susciter la crainte des éoliennes.
Une version pdf de l'article est disponible sur cette page de notre site internet en téléchargeant le fichier "MF-Eolien_industriel.pdf".
Décryptage: L’éolien «industriel», quand la sémantique devient une arme.
Les opposants aux éoliennes ne cessent de parler «d’éolien industriel» ...Hasard du vocabulaire ou qualificatif soigneusement préconisé dans le kit du parfait petit opposant pour frapper les esprits ?
A vrai dire j’ai quelques difficultés à comprendre ce qu’est (ou n’est pas) l’éolien industriel. A quoi cela s’oppose-t-il ? Que pourrait-être un éolien «non industriel» ?
Quel message subliminal est doucement distillé dans le cerveau du public par ce terme «industriel» ?
Essayons de comprendre.
S’agit-il de dénoncer le mode de conception ou de fabrication en série des éoliennes modernes par des entreprises privées ?
Une éolienne moderne implique des études poussées en aérodynamique, en acoustique, en matériaux, en électrotechnique, tout cela se fait dans un truc qui s’appelle un bureau d’études en général chez un industriel...La production des pales, des mats, des générateurs impliquent de la gestion d’approvisionnement, la maîtrise de matériaux nouveaux, des moyens d’usinage numériques puissants et une organisation adaptée sur un site de grande taille, désolé pour ce gros mot mais il se trouve que ça s’appelle une usine.
Donc oui une grande éolienne moderne est issue de l’industrie comme une grande partie de ce que nous manipulons tous les jours (à commencer par mon vélo et le PC qui me permet de frapper ce texte)
Alors pourrait-on faire la même chose (avec la même production d’électricité à la clé évidemment) de façon artisanale avec un tour, une lime et un marteau dans un garage (ou même une imprimante 3D dans le fablab du coin pour faire moderne), je ne le crois pas.
D’ailleurs même les petites éoliennes de 20m de haut impliquent un peu d’industrie dans des PME (voir ici en Vendée: https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/fontenay-le-comte-85200/saint- hilaire-de-voust-la-societe-eolys-fabrique-de-petites-eoliennes-162425 )
S’agit-il de préconiser l’individualisation de la production d’électricité ?
Je n’ai vraiment rien contre les particuliers qui fabriquent eux-mêmes leur éolienne artisanale pour assurer un approvisionnement sobre de leur habitat (voir les éoliennes Piggott https://www.tripalium.org/eolienne-piggott) mais je doute fort que le modèle soit généralisable à 67 millions de français et il faudrait de plus établir le bilan énergétique global de ces petites machines, bilan sur lequel j’ai quelques doutes en l’absence d’étude factuelle, contrairement au photovoltaïque plus adapté à l’habitat des particuliers.Par ailleurs quel modèle de société doit-on défendre ? Une société du chacun pour soi, chacun dans sa petite maison avec sa petite éolienne et sa petite électricité ? Ou des projets citoyens et collectifs autour de grandes machines «industrielles» capables de changer réellement la donne énergétique localement ?
Donc à moins de rester dans la marginalité et le folklore, l’éolien ne peut devenir significatif dans le paysage énergétique (même avec une consommation énergétique décroissante comme dans le scénario Négawatt) qu’avec de grandes machines, fabriquées en usine et à grande échelle... Et loin de moi l’idée de faire l’apologie systématique de l’industrie, je pense même que dans une société durable il faudrait sans doute favoriser l’artisanat local et laisser à l’industrie la grande série et la haute technologie (car désolé mais à l’hôpital je préfère me faire piquer par une aiguille «industrielle» fabriquée en usine plutôt que par l’artisan serrurier du coin...)
S’agit-il d’exploiter le fait que l’installation d’une éolienne soit soumise dans la loi française à un classement identique à celui d’une vulgaire usine de pesticides ?
En effet, depuis le 1er janvier 2011, les éoliennes sont des installations classées pour l’environnement (ICPE), soumises à autorisation. Mais on sait aussi que ce classement très politique a été obtenu suite au lobbying parlementaire des députés anti-éoliens, et qu’il est tout de même hypocrite d’accuser les éoliennes d’être «industrielles» parce qu’elles sont classées ICPE justement à la demande de ceux qui s’appuient maintenant sur ce classement pour crier au loup.S’agit-il de dénoncer la grande taille des éoliennes modernes, les dimensions permettant ainsi de parler de réalisation «industrielle» par opposition à des objets de tailles plus réduites ?
L’opposition entre le petit (nécessairement gentil) et le gros (nécessairement méchant) en quelque sorte.Mais une puce électronique est clairement un produit industriel (et pour le coup avec une fabrication polluante et consommatrice de ressources) et pourtant elle est toute petite. Donc il n’y a pas que la taille qui compte...
Conclusion
Donc ne soyons pas naïfs, l’objectif est évidemment de susciter la crainte, le vilain terme «industriel» génère automatiquement dans notre subconscient l’image d’usines fumantes, polluantes voire explosives, bref Germinal, la mine ou AZF.Le terme «éolien industriel» n’est qu’un mot «obus» utilisé dans la guerre du vocabulaire pour renforcer l’anxiété et le rejet, il n’y a rien de rationnel à chercher de plus.
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