mardi 21 mars 2023

La Vilaine à Acigné: Une rivière sinistrée

Dans cet article, un membre de Courants alternatifs fait le point sur la situation critique de la Vilaine sur la commune d'Acigné, depuis la rupture d’un déversoir en 2020, en amont du Moulin du Pont d'Acigné.

Il présente la géographie des lieux concernés puis les conséquences de la rupture du déversoir. Le tout est illustré par quelques images édifiantes de l'état actuel de la rivière. Il termine sur quelques pistes de réflexions pour remédier à cette situation pénalisant le club de kayak acignolais et plus généralement les acignolais aimant se promener le long de la Vilaine, et la faune, et la flore ... Il faut prendre en compte le changement climatique avec les risques de sècheresse, la transition énergétique avec la nécessité de cumuler tous les petits apports d'énergie possibles, tout en préservant la biodiversité. C'est une équation complexe.

1 - Quelques éléments sur le contexte géographique :

Voici un bref descriptif du site, bien sûr déjà connu des acignolais, avec la localisation du déversoir endommagé sur la Vilaine :

(Extrait Openstreetmap)

Le déversoir incriminé est situé sur le domaine du moulin Desgués (https://www.moulindesgues.fr/)  à la limite entre Acigné au nord  et Noyal sur Vilaine au sud  (cette frontière est matérialisée par la Vilaine, trait violet) les numéros de parcelles font référence au cadastre.

(Extrait géoportail)

2 – Les conséquences de la rupture du déversoir en 2020:

Cette rupture, dont la cause est inconnue,  a entraîné une baisse du niveau de l’eau en amont du moulin d’environ 1 mètre :

Les photos présentées ci-dessous ont été prises le 17/04/2022, donc au printemps, elles illustrent bien le spectacle de désolation qui fait mal au coeur de tous ceux qui ont connu la Vilaine « avant ».

Vue du déversoir endommagé laissant l’eau s’écouler (photos prises de la rive nord)



Ci-dessous, le second déversoir en amont du déversoir cassé, un lieu autrefois bucolique avec sa passerelle et sa chute d’eau, maintenant devenu spectacle de désolation ramassant les arbres arrachés par la dégradation des berges consécutive à la baisse du niveau de l’eau.

Une vidéo du club de Kayak tournée en 2018 à la grande époque lorsque ce déversoir était encore en eaux :  https://www.youtube.com/watch?v=3OyJWmYBVv8

La dégradation des berges, et la chute des arbres tout au long du cours d’eau :


Des arbres coupés par dizaines sur les berges dénudées :

Le bras nord contournant l’île de la Motte, autrefois vivant, maintenant complètement desséché même en avril, on imagine aisément la catastrophe l’été en période de sécheresse pour la faune et la flore aquatique :


Le club de Kayak-polo d’Acigné , handicapé dans ses activités par manque d’eau l’été et par un courant trop élevé l’hiver.

Pour rappel, ce club est l’un des premiers de France, un atout majeur pour l’image d’Acigné, il organisait avant la casse du déversoir la «Breiz-cup », premier tournoi de France de Kayak-polo, manifestation maintenant impossible à organiser compte tenu de l’état déplorable du site voir :  http://www.ckcacigne.com/



Une vidéo tournée lorsque la Vilaine avait encore de l’allure pour bien saisir l’étendue des dégâts : https://www.youtube.com/watch?v=0Dfq0dqPzt8

Articles :

https://www.ouest-france.fr/bretagne/acigne-35690/acigne-le-niveau-de-la-riviere-inquiete-le-club-de-kayak-29ffe8b0-1968-11ec-a1de-f279144a4382

Mise à jour :   Photos prises le 19 02 2023





3 – Quelques pistes de réflexion

On doit d’abord regretter qu’il ne se passe rien depuis 3 ans  quant à la préservation du patrimoine naturel et sportif d’Acigné … Et pourtant le spectacle d’une rivière à l’abandon est visible de tous (au moins ceux qui l’ont connue avant 2020) sans parler de la disparition de la Breizh-cup qui constituait un jalon fort du calendrier acignolais.

Par ailleurs le problème juridico-administratif est complexe mais cela ne doit pas justifier l’inaction : Le seuil défaillant est sur une parcelle privée, sur le territoire de la commune de Noyal alors que c’est Acigné qui endure toutes les conséquences néfastes de la situation sans compter tout un tas d’autres intervenants. Tout cela ne favorise pas la recherche de solutions rapides d’autant plus que la réparation du seuil a sûrement un coût non négligeable que personne ne souhaite payer...

Vient ensuite la volonté affichée par l’administration française de détruire les ouvrages hydrauliques bâtis au fil des siècles par nos anciens  et ceci à l’échelle du pays:

On sait ainsi que la « mode » est à la restauration de la « continuité écologique » ce qui milite pour l’arasement des seuils de moulins, expliquant peut-être le peu d’empressement des autorités pour rétablir la situation à Acigné face à un seuil défaillant qui a la bonne idée de disparaître tout seul.  

Il faut néanmoins comprendre que le sujet fait débat car si la suppression des seuils favorise les poissons migrateurs qui remontent les rivières (à condition qu’il reste de l’eau :-)), elle défavorise les espèces qui vivent dans des eaux calmes et profondes (carpes et tanches par exemple sans parler des batraciens et des libellules). Il est aussi tout à fait possible de conserver les ouvrages en ajoutant des passes à poissons.

Il n’est donc pas étonnant que de nombreuses études dressent un bilan très mitigé de ces destructions de seuils  (voir http://www.hydrauxois.org/2020/07/un-dossier-de-100-references.html),  à noter également un ouvrage critique de plus de 300 pages rédigé par deux scientifiques qui s’interroge clairement sur ce qu’il convient bien de qualifier de « dogme »:

 


Enfin, même si ce n’est pas le sujet, comment ne pas évoquer le potentiel hydroélectrique des rivières de France évalué environ à la production d’une tranche nucléaire, il est clair que ce potentiel est gâché par la destruction des moulins et des seuils… Comportement bizarre compte tenu de ce que nous vivons aujourd’hui.

J’ajouterais en guise de conclusion que c’est la première fois dans l’histoire de l’humanité que l’on choisit délibérément de ne pas retenir l’eau douce et de la laisser filer à la mer. Curieuse idée à une époque où l’on nous annonce de futures sécheresses …

M.FRANGEUL
17/03/2023

3 commentaires:

  1. La rectification des cours d'eau et le drainage des zones humides date a minima d'une 40aine d'années. Cela fait donc au moins depuis ce temps que l'humanité envoie l'eau douce le plus vite possible à la mer...

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    1. Oui vous avez raison, néanmoins ça n'excuse pas les destructions de seuils et de moulins qui aggravent encore la situation

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  2. Le drainage est une ânerie, nous le savons tous. Cependant aller dans l'exes inverse ne corrige pas les erreurs. si on baisse les niveau d'eau la sècheresse sera encore plus violente. Un poisson sans eau n'a aucune chance de survie, sans compter les insectes, bactéries et autre microfaune. Un assèchement d'une semaine par an tue tout et il faut plusieurs années pour redévelopper cette biodiversité invisible. Qui veut faire l'ange fait la bête.
    François Auberger

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