vendredi 16 mars 2012

Visite de la ferme d’Ifer (Sylvie et Yvonnick Letort)


CR par Dominique Talidec
Samedi 3 mars 2012
Super accueil, 4 h de visite approfondie !
En illustration de cet article, vous pouvez aussi regarder l'album photo réalisé par François Jonquet :


Présentation générale :
Ferme de taille moyenne, 62 hectares, où les champs sont regroupés autour des bâtiments de la ferme. La surface des champs est d’environ 8 ha. (1 ha équivaut à peu près à la surface d’un terrain de foot).
Sylvie et Yvonnick ne sont pas propriétaires mais locataires : sous le régime du fermage. Ce fermage s’est transmis dans la famille d’Yvonnick depuis l’installation de son arrière grand-père (meunier) en 1905. Les champs étaient alors plantés de pommiers (tous les 20 mètres) sous lesquels étaient pratiqués des cultures. Le revenu provenait de la vente de cidre à Rennes.
Il n’y a pas eu de remembrement mais beaucoup d’arbres et de haies ont disparus. La route qui monte à la ferme s’appelle « la rabine », ce qui signifie un chemin planté d’arbres.
Les arbres ont été enlevés entre autres quand le prix du blé est devenu beaucoup plus cher que celui du bois. Aujourd’hui l’entretien des haies pose de nouveaux problèmes : les copeaux de bois nécessitent de grandes surfaces de stockage pour un long séchage : les fagots sont peu utilisables et il est interdit de les bruler dans les champs …
Aujourd’hui l’extension de l’urbanisation est une menace pour cette ferme très proche du bourg et de l’usine Mailleux.
Le projet global :
Elevage de vaches laitières en « agriculture biologique » : la ferme est envisagée comme un système autonome (les vaches se nourrissent sur la ferme …) dont les éléments sont en interactions (les vaches apportent leurs déjections au sol …).
Service à la population locale : en entretenant et valorisant des terres agricoles, en protégeant l’environnement (eau …), en produisant des aliments de qualité, etc.
La conversion au bio nécessite l’aide de l’Etat (financière et technique) car beaucoup d’agriculteurs sont convaincus des bienfaits de la bio mais craignent d’être dépassés (« mauvaises herbes », etc.).
Les cultures :
Aujourd’hui les champs nous semblent tous uniformément couverts d’une courte végétation verte et nous traversons des champs qui ressemblent tous à des prairies. Mais ce n’est pas toujours le cas.
L’agriculture biologique nécessite une rotation des cultures pour préserver les sols et leur fertilité. Ce qui implique nécessairement des parcelles plus petites qu’en monoculture.
À Ifer, il s’agit d’une rotation sur 7 ans : 5 ans de prairie, puis 1 an de blé (pain, paille), puis 1 an de mélange céréalier + pois (aliment pour les vaches).
Au cours de cette visite, Sylvie et Yvonnick nous présentent trois types de parcelles :
  • Le champ du mélange céréalier (en haut à gauche, quand on monte la rabine) :
Mélange composé de tritical (nouvelle céréale), d’avoine et de pois (riches en azote) ; semé en novembre et moissonné en juillet. C’est un mélange propre au bio, équilibré (nutrition) et dont le pouvoir couvrant étouffe les « mauvaises herbes » (pas de sarclage).
La densité de couverture est due notamment à la propriété de tallage de l’avoine : une graine donne 4 pieds et 4 épis (voir photo de François).
  • La prairie : base de l’alimentation des vaches (80%).
Aujourd’hui, on voit l’aspect grumeleux de la terre entre les touffes indiquant l’activité intense des vers de terre en cette période. 
On ne la sème qu’une fois et pendant 5 ans on entretient la prairie en organisant le passage des vaches et les fauches en fonction de la pousse de l’herbe (mesurée avec l’herbomètre) et des besoins.
Semis avec un mélange de graminées (Ray grass, fétuque …) et de légumineuses (luzerne, trèfle …) qui ont la propriété de fixer l’azote de l’air. C’est bon pour le sol et pour l’équilibre alimentaire des vaches. Délai de 35 jours entre 2 pâturages des vaches sur une parcelle afin de rétablir l’équilibre entre repousses des graminées et des légumineuses (qui sont très prisées des vaches mais provoquent un météorisme qui peut leur être fatal).
Les prairies viennent de terminer leur 2 mois de repos annuel (amélioration de leur portance), les vaches sont sorties. Pour favoriser le tallage et la pousse de l’herbe nouvelle, elles vont rapidement passer dans toutes les parcelles (3 à 4 jours par tranche de 4 ha) : cela s’appelle le déprimage.
Ensuite, au printemps, l’herbe pousse très vite et elle est très humide : elle est coupée pour l’ensilage. C'est-à-dire qu’après la coupe, elle est rapidement séchée (1 jour) puis hachée et tassée sous une bâche pour provoquer une fermentation lactique (comme pour la choucroute).
En été, le fauchage pour le foin nécessite une semaine de beau temps pour le séchage dans le champ (certains agriculteurs investissent dans des granges/séchoirs comme l’éleveur bio sur la route de Noyal).
En automne les vaches repassent sur toutes les parcelles.
Les vaches nourries à l’herbe bénéficient d’une alimentation riche en oméga 3 (le lin n’ajouterait rien).
  • Le champ de blé : cette année dans le champ de la Grange (juste derrière la grange, à
droite quand on arrive dans la cour).
C’est une plante sarclée comme le maïs.
Aujourd’hui le blé est en herbe. Il a été semé à l’automne et passe 9 mois en terre avant la moisson. Son enracinement est très profond (1.50 mètre) (10 cm pour le maïs).
Le rendement d’un champ bio est nettement moins élevé (45 quintaux/ha) que celui d’un champ « conventionnel » (85 q/ha) mais son prix est 2.5 fois plus élevé.
En « conventionnel », les apports d’azote sous forme minérale peuvent se faire juste au moment où la plante en a besoin. Mais les fongicides sont nécessaires du fait des faibles rotations qui pourraient endiguer le développement des champignons.
Prix plus élevé et coûts moins importants : le bilan économique est satisfaisant en bio.
Le grain de blé moissonné doit sécher un peu (3 mois) avant d’être moulu. Il passe à la trieuse pour éliminer les autres graines.
Les vaches :
45 vaches + 45 génisses (pendant 3 ans). Ce qui fait environ 1 vache/ha de prairie.
Ce qui fait 75 UGB (Unité gros bétail).
3 races :
- Holstein (noire et blanche) : la plus anguleuse ; ne donne pas de viande mais beaucoup de lait.
- Normande : plus de graisse et de protéines dans le lait.
- Montbéliard (marron et blanche) : bonne pour la viande.
En moyenne sur l’année, à Ifer, les vaches donnent 20 litres de lait par jour pendant 300 jours. Elles se reposent 2 mois avant le vêlage suivant. Une vache fait un veau par an (9 mois de gestation) pendant 5 à 7 ans. Ensuite, c’est l’abattage.
Le vêlage ne nécessite généralement aucune intervention humaine. Le veau reçoit un nom commençant par la lettre de l’année en cours et rappelant celui de sa mère. À 2 mois, l’utilisation du brule-corne permet d’éviter la pousse des cornes et les blessures de combat.
Les mâles sont vendus rapidement.
Les génisses doivent être très bien nourries pendant les 6 premiers mois pour favoriser leur développement. Âgées d’un an, elles sont moins bien nourries afin de prévenir l’excès de graisse et les mammites. Un fourrage assez grossier et piquant favorise le développement de la panse. Mises à l’herbe, elles se développent de façon spectaculaire.
La panse sert à la rumination. Les fibres piquantes déclenchent cette activité. L’observation du nombre de coups de gueule par bol alimentaire remonté de la panse donne un aperçu de l’état de santé d’une vache.
En moyenne sur une année, chaque vache reçoit 18 kg de matière sèche /jour.
À l’étable, on utilise 120 tonnes de paille par an : 2 balles par jour.
Près de la salle de traite, utilisation d’un tableau annuel des cycles de chaque vache (voir photo de François).
Le contrôle laitier établit par un service extérieur permet de suivre le profil du lait de chaque vache très régulièrement.
Et après :
Pour suivre l’activité de la ferme selon les saisons, Sylvie et Yvonnick sont prêts à nous accueillir à nouveau, nous pouvons aussi observer l’évolution de l’herbe et des cultures dans les champs lors de nos passages à Ifer pour ravitaillements et lire les nouvelles sur le site internet d’Ifer : 
http://www.fermebio-ifer.fr/actualites.php

1 commentaire:

  1. Le rendement d’un champ bio est nettement moins élevé (45 quintaux/ha) que celui d’un champ « conventionnel » (85 q/ha) mais son prix est 2.5 fois plus élevé.
    De quel rendement parlons nous? Y incluons nous la matière organique décomposée sur des millions d'années : le pétrole, base pour la fabrication des engrais et des pesticides (fongicides,...).

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