« La sociocratie
est un mode de gouvernance qui permet à une organisation, quelle que soit sa
taille — d'une famille à un pays —, de fonctionner efficacement sans structure
de pouvoir centralisée, selon un mode auto-organisé et de prise de décision
distribuée » (Wikipédia)
Ce sujet
était le thème de notre réunion mensuelle du 6 février dernier. Michel nous en
a présenté quelques notions qu’il a eu l’occasion de mettre en application dans
son entreprise, complétées par les expériences de Véronique (qui en a suivi une
formation mais n’a pas encore eu l’occasion de l’éprouver) et Fabien (qui avait
participé à un club parent sur le sujet de la sociocratie en famille).
Le concept
nous vient des Pays-Bas où il a été inventé dans les années 60. Il s’agit d’un
mode de gouvernance qui vise à se substituer au fonctionnement hiérarchique
existant dans une entreprise (ou tout autre type de structure). Sur la base du principe
de consentement (où personne
n’est contre) et non de consensus (où tout le monde est d’accord), on recherche
des prises de décision là où il n’y
a pas d’objection. D’après
l’expérience de Michel, c’est quelque chose qui marche bien dans un groupe
ayant un projet commun, et qui cherche à prendre des décisions pour atteindre
un même but. Mais ça ne marche pas dans une situation de conflit où les
protagonistes ne s’accordent pas sur leur objectif.
Notions de cercle de gouvernance / double
lien / élections sans candidat :
Cercle de
gouvernance = c’est le fonctionnement en cercle, sans table, sans estrade, où
tout le monde est sur un pied d’égalité. La taille idéale d’un cercle est d’une
quinzaine de personnes. Ceux qui participent sont volontaires. On part du
principe que ceux qui sont là sont les bonnes personnes.
Double lien
= quand il y a plusieurs cercles de gouvernance, 2 personnes dans chaque cercle
sont chargées de dialoguer avec les autres cercles.
Elections
sans candidat = mode qui permet de choisir parmi les membres d’un cercle de
gouvernance, ceux qui assureront les rôles définis de leader (celui qui porte
le groupe), secrétaire (qui assure la prise de note, le relevé de décision),
d’animateur ou facilitateur, de gardien du temps …
L’élection
sans candidat se déroule en plusieurs phase (pour chacun des rôles) :
1.
chacun note
sur un papier son nom + le nom de la personne qu’il verrait pour le rôle
2.
tour de
cercle où chacun donne les arguments de son choix (toujours positifs)
3.
nouveau tour
de cercle où chacun confirme ou modifie son premier choix selon les arguments
entendus
4.
le
facilitateur propose alors un nom (pas toujours celui qui recueille le plus de
voix)
5.
tour de
cercle pour recueil des objections, s’il y en a (les objections doivent être
argumentées, sérieuses, et non personnelles) – la personne citée s’exprime en
dernier dans ce tour. S’il y a des objections, c’est au groupe de les lever.
Une fois les rôles définis, comment le cercle
prend des décisions ?
Dans le cadre d’un projet par
exemple, tout le monde peut faire une proposition, qui doit être écrite et
étayée. C’est sur la base de ces propositions que le cercle est amené à prendre
des décisions, selon le déroulement suivant :
1.
le porteur
de la proposition en fait la présentation devant le cercle
2.
tour de
cercle de clarification = chacun exprime ce qu’il a compris de la proposition
pour être sûr qu’il n’y a pas de zones d’ombre
3.
tour de
réaction = recueil de tous les points positifs que chacun trouve (ce que
j’aime) et des points négatifs (ce qui me gratte)
4.
à cette
étape, le porteur peut retirer sa proposition, ou l’amender, en faire une
nouvelle en prenant en compte ce qu’il a entendu des réactions …
5.
tour d’objection
= chacun exprime s’il y a quelque chose qui l’empêchera de dormir en cas
d’adoption de la proposition. Là encore, s’il y a des objections, c’est au
groupe de chercher à les lever
6.
discussions,
possibles nouvelles modifications de la proposition …
Retours d’expériences :
Une des difficultés est de
savoir, parmi toutes les plus ou moins grandes décisions qui sont à prendre au
quotidien, celles qui doivent être remontées au cercle de gouvernance …
Il peut arriver qu’une compétence
spécifique requise pour répondre à un problème soit absente du cercle. Le
groupe doit alors faire des démarches pour s’en doter.
Par ailleurs, la transformation
qu’implique ces nouveaux modes de fonctionnement peut perturber et déstabiliser
les gens : perte de repère sur ce que doit faire chacun, sur les nouvelles
responsabilités …
Au global, on peut avoir
l’impression de perdre son temps, mais après expérience, on se rend compte du
bénéfice pour les projets : c’est un processus long, mais robuste (peu de
remise en question des décisions prises).
Comme le soulignait
Jean-Michel : « Tout seul on
va plus vite, ensemble on va plus loin ! »
Quelques références :
·
site : sociocratie.net
·
article :
http://www.ladn.eu/reflexion/lidee/holacratie-entreprises-liberees-sociocratie-est-ce-que-ca-marche/?utm_source=newsletter_ladn&utm_medium=email&utm_campaign=news_fevrier_2017&utm_content=nl060217
·
livre
« La démocratie se meurt, vive la sociocratie ! » Gilles
Charest, Esserci Ed
·
consultant :
La croisée (Rennes)
·
association
coopérative d’entrepreneurs Oxalis (Rennes), à laquelle particicipe notamment
le formateur Yannis Camus (Vern)
·
voir aussi
l’expérience de Scarabée Biocoop : http://lareleveetlapeste.fr/holacratie-un-magasin-sans-hierarchie-cest-possible/
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