jeudi 7 mars 2019

Les continuités écologiques et le paysage

La double conférence de Françoise Burel et Jacques Baudry qui a eu lieu le 5 février dernier à la salle Annie Brown d'Acigné portait sur les effets de la transformation des paysages sur la biodiversité et les fonctionnements écologiques. Voici un bref compte-rendu fait par l'un des membres de Courants Alternatifs.

La biodiversité

Depuis les années 1950, l'intensification de l'agriculture, la suppression des haies et l'utilisation intensives d'intrants chimiques ont eu pour effet de diminuer fortement le nombre d'espèces, que ce soit en milieux agricoles ou en milieux bâtis

Les éléments clés garantissant le maintien de la biodiversité sont :

  • la taille des parcelles (plus les parcelles sont petites plus nous avons de la biodiversité)
  • la présence d' éléments semi-naturels (bois et prairies, mares)
  • l'hétérogénéité des espaces
  • l'état passé d'un paysage
  • la connectivité : ensemble des éléments du paysages (bosquets, mares..) facilitant le mouvement des individus et assurant leur reproduction.

Les services écosystémiques rendues par la biodiversité à la société et à l'agriculture  sont essentiels :  en plus de la production directe de nourriture, la biodiversité joue un rôle de régulation (limiter l'utilisation les pesticides), elle rend des services culturels (loisirs, randonnées), des services de support (formation des sols grâce à l'action des vers de terre notamment). Elle permet l'indispensable pollinisation (qui ne peut pas se faire par les humains) ainsi que l'amélioration de la qualité des eaux, la régulation des crues..

L'agroécologie

La pratique de l'agroécologie propose des réponses au maintien de la biodiversité; Nul besoin d'entrants extérieurs qui viennent parfois de très loin (l'agriculture bretonne double sa surface dans d'autres pays du monde, ce qui a des effets délétères pour les pays en question). Nous avons tout sous la main, il suffit de savoir mieux les utiliser : contrôler les adventices (mauvaises herbes) en favorisant  des  petits insectes comme les carabes granivores qui jouent le rôle d'auxiliaire de culture,  limiter les ravageurs (ou bioagresseurs) par le contrôle biologique, choisir des plantes fixatrices d'azote comme les légumineuses afin d'enrichir naturellement le sol en nitrate, favoriser des associations variétales, mettre en place la rotation des cultures...

La trame verte et bleue (PLUi)

Les recherches de Jacques, Françoise  et de leurs équipes portent sur les actions à mettre en place afin de freiner l'érosion de la biodiversité en préservant notamment des continuités écologiques à travers le territoire (par exemple en favorisant le passage de la faune entre nos jardins, de part et d'autre d'une autoroute grâce à des ouvrages de compensation, ou bien encore en intervenant sur la structuration de nouvelles formes urbaines intégrant à la fois des espaces végétalisés mais également des éléments naturels de qualité.)

Même si les pouvoir publics sont conscients de l'importance de cette question par la mise en place de la trame verte et bleue, une mesure phare du Grenelle Environnement visant à intégrer les enjeux écologiques dans les outils de planification et les projets d’aménagement (PLU et PLUI),  tout dépend ensuite de la volonté des communes.

Françoise Burel est directrice de recherche au CNRS. Elle a reçu la médaille d’argent 2009 du CNRS pour ses travaux en écologie du paysage. 
Jacques Baudry est directeur de recherche à L'INRA au sein du laboratoire d'agroécologie du paysage.