lundi 3 décembre 2012

Alerte au grignotage de terres agricoles - création d'un collectif de protestation


Une modification du PLU d'Acigné

Le conseil municipal d'Acigné propose actuellement une modification du plan local d'urbanisme (PLU)  qui réserve  10% de la surface de la ferme d'Ifer pour agrandir la zone artisanale du Boulais. Cette amputation de terres agricoles aurait des impacts négatifs sur la viabilité de la ferme, sur l'approvisionnement alimentaire local, et plus généralement sur l'état de nos biens communs (sol, eau, biodiversité, énergie et climat).
La modification du PLU envisage également une deuxième transformation de 4 ha de terres agricoles en zone à urbaniser pour l'extension de la zone artisanale du pont d'Ohin, dans le prolongement de l'usine MX.
Un collectif de protestation contre ces projets vient d'être créé, dans le but d'informer les acignolais avant l'enquête d'utilité publique qui devrait avoir lieu au premier semestre 2013.

Ifer : une ferme cohérente, utile aux acignolais

La ferme d'Ifer, localisée sur la commune d'Acigné, est une entreprise familiale. Yvonnick et Sylvie LETORT sont locataires des terres. 
Les 60 ha de terres de la ferme sont rassemblées en un seul bloc, avec une implantation des bâtiments au centre. Cet atout apporte une grande cohérence à cette ferme et contribue à sa viabilité.
Sylvie et Yvonnick pratiquent un élevage de vaches laitières, en agriculture biologique et complètent leurs revenus par la fabrication de pains. Yvonnick s'occupe du troupeau avec un salarié. Sylvie fabrique le pain dans son propre fournil, avec du blé cultivé sur la ferme. 
Ils pratiquent la vente directe aux particuliers, de viande, de lait  et de pain biologiques. Ils assurent également un relais pour la vente des légumes biologiques d'Alan qui est un maraicher voisin de leur ferme.

Un collectif de soutien

Suite à l'appel de Sylvie et Yvonnick, un collectif de soutien à l'intégrité de la ferme d'Ifer vient de se constituer autour d'eux. Il intègre l'association acignolaise Courants Alternatifs, des clients de la ferme et d'autres personnes soucieuses du grignotage des terres agricoles et de l'aménagement du territoire.
Plusieurs commissions ont été constituées. Les premières réunions se dérouleront à la ferme d'Ifer durant les deux semaines à venir avant Noël.
Toute personne voulant participer aux réunions du collectif peut contacter Sylvie et Yvonnick Letort.

adresse mail : pluacigne-AT-gmail.com (remplacer -AT- par @)

mercredi 14 novembre 2012

Deuxième compte-rendu de la conférence de Claude et Lydia Bourguignon

Voici un autre compte-rendu de la conférence rédigé par un membre des colibris de Rennes, et qu'ils nous autorisent à diffuser.
Vous pouvez télécharger le fichier pdf associé à la légende de l'illustration suivante :



Les colibris du pays de Rennes constituent un groupe local du mouvement Colibris porté notamment par Pierre Rabhi. 


Compte-rendu de la conférence de Claude et Lydia Bourguignon à Acigné


Voici un premier compte-rendu rédigé par Dominic Talidec de Courants Alternatifs.
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Préserver la vie des sols
Conférence de Claude et Lydia Bourguignon
Acigné, 23 octobre 2012

« La vie se développe dans trois milieux : l’air, l’eau et le sol. Contrairement aux deux premiers qui sont purement minéraux, le sol se caractérise par le fait qu’il est organominéral »
(« Le sol, la terre, les champs », Claude et Lydia Bourguignon, éditions Sang de la terre, 2009)

… D’où sa rareté et sa fragilité par rapport aux deux autres milieux (attaches électriques et non atomiques entre les 2 catégories d’éléments qui le composent).

La dégradation des sols (Lydia Bourguignon)

Nous avons perdu l’équilibre agro-sylvo-pastoral et les sols ont tendance à perdre leur teneur en matière organique sous l’effet de différents facteurs qui se combinent entre eux.
  • Labour profond, compaction, cultures intensives, engrais et pesticides
  • Erosion : en France, il se perd en moyenne 40 tonnes de terre/hectare/an ; cela n’est pas vraiment visible (4 mm d’épaisseur). Cette érosion est beaucoup plus importante dans certaines parties du monde compte tenu des conditions climatiques (la température accélère la dégradation de la matière organique). La force érosive de l’eau est liée au carré de sa densité, donc une eau chargée en argile (densité de 4) aura une force érosive démultipliée (16) par rapport à une eau « pure » (densité de 1).  Cf. les dégâts occasionnés par les inondations.
  • Déforestation : l’arbre apporte de la matière organique (litière), recharge les nappes phréatiques grâce à ces racines profondes et préserve de la désertification (exemple d’Haïti qui a coupé ses arbres afin de « payer » son indépendance à la France : désertification et érosion contrairement au territoire voisin de St Domingue). Aujourd’hui, l’agroforesterie est remise en valeur par endroit : arbres espacés dans les champs afin de permettre le passage des engins agricoles.
  • Salinisation : entrainée par l’irrigation qui, dans les pays chauds, dépose des sels minéraux (contrairement à l’eau de pluie). 

Un sol dégradé, c’est :
  • la disparition de sa faune
  • la disparition de sa porosité à l’air et à l’eau
  • sa dégradation chimique (les minéraux ne sont plus fixés par la matière organique)
  • la pollution de l’eau
  • les rendements agricoles qui baissent (depuis 1980)

Comment restaurer la vie des sols ? (Claude Bourguignon)

« En profondeur, la roche se décompose en argile sous l’action des racines et des microbes ; en surface, la litière se décompose en humus sous l’action de la faune et des microbes. Le complexe argilo-humique se forme dans l’intestin des grands vers de terre qui font le va et vient verticalement » (« Le sol, la terre, les champs »).

La vie du sol, ce sont :
  • les champignons : seuls organismes susceptibles de dégrader la lignine des végétaux
  • les petits animaux aux différents horizons du sol
  • les bactéries qui minéralisent les éléments qui vont ainsi être assimilables par les plantes
  • les vers de terre

Ces différents éléments sont en interactions et donnent sa structure au sol.

Quand le sol manque de matière organique, il n’y a pas assez de champignons et trop de bactéries ; le sol ne retient plus l’eau … Dans l’état actuel des sols, en France, il n’est pas possible de réduire les intrants de 50% (objectif Grenelle).

Si certaines techniques agricoles dégradent la vie du sol, d’autres techniques permettent de la restaurer, à plus ou moins long terme :
  • le BRF ou bois raméal fragmenté, qui consiste à couvrir le sol de broyats de branches et génère le développement de champignons
  • le semis direct sous couvert : abandon du labour, le semis se fait directement après l’écrasement d’une culture intercalaire de type « engrais vert »
  • et d’autres encore qui sont choisies en fonction de leur adaptation au type de sol et de culture concerné 

Tout ceci implique la revalorisation du métier d’agriculteur qui nécessite, bien au-delà de l’application de techniques, une compréhension très fine des phénomènes complexes en jeu dans la vie des sols et dans l’agriculture.

De son côté, le consommateur ne paye pas sa nourriture assez cher mais, par contre, paye pour les pollutions diverses générées par des systèmes déséquilibrés.


mercredi 24 octobre 2012

Préserver la vie des sols : un sujet qui passionne!

Suite à la conférence de Lydia et Claude Bourguignon au Triptik d'Acigné le mardi 23 octobre 2012, voici un article qui aurait pu passer dans Ouest-France :

Nous avons fait plus que salle comble hier, et nous n'avons pas pu malheureusement  laisser entrer tout le monde.


Plus de 350 personnes  beaucoup de jeunes, des personnes venus de loin, prêtes à rester debout, pour assister à cette conférence passionnante ; de nombreux agriculteurs également qui ont eu l'occasion d'échanger avec les Bourguignon, de leur poser des questions précises sur des solutions concrètes, qui leur ont fait part aussi de leur colère face à une technocratie aveugle vendue aux lobbys industriels, incapable de prendre en compte les simples lois de la nature ! Et Lydia Bourguignon de leur suggérer, aux producteurs mais aussi aux consommateurs, d'entrer en résistance contre un système qui a montré, depuis cinquante ans, son incapacité à nourrir l'humanité.  Car chaque jour, la nature nous rappelle malheureusement un peu plus, qu'on ne peut pas impunément violer ses lois ! Il y a eu aussi un moment d'émotion lorsqu'une jeune étudiante en biologie a remercié Claude et Lydia Bourguigon de consacrer leur vie à ce combat si vital. En nous quittant, Claude et Lydia Bourguignon nous ont rappellé cette phrase de Sénèque :"ce n'est pas parce que les choses sont difficiles que nous n'osons pas, c'est parce que nous n'osons pas qu'elles sont difficiles"

jeudi 23 août 2012

Visite de la ferme d'Ifer, épisode 2 : l'été


CR par Dominique Talidec
Photos de François Jonquet
jeudi 19 juillet 2012

Sylvie et Yvonnick Letort nous ont proposés de refaire le tour des champs que nous avions visités le 3 mars dernier afin de mieux connaître leur métier d'agriculteurs et comprendre concrètement comment une ferme constitue un « système » conditionné par de multiples facteurs dont le choix du modèle de travail. Ici, c'est l'autonomie et l'agriculture biologique. De façon à préserver les ressources de ce territoire (les sols, l'eau, la biodiversité …), de fournir une alimentation de qualité à ses habitants et de préserver également les ressources mondiales (pas d'importation de produits issus de cultures lointaines et dévastatrices).

Rappel général 

La ferme est constituée de 60 hectares de terre qui ont l'avantage d'être regroupés autour des bâtiments. C'est une ferme d'élevage de vaches laitières, comme beaucoup dans la région, mais avec ce choix d'autonomie nourricière (les vaches se nourrissent exclusivement sur la ferme) beaucoup moins répandu à notre époque. De plus, le cahier des charges de l'agriculture biologique exclut le recours aux produits de l'industrie chimique.
Ce type d'agriculture implique des rotations de culture sur 7 ans : 5 ans de prairie (semée la 1ère année seulement), puis 1 an de blé, puis 1 an de méteil (mélange de céréales et légumineuses). 
« Une bonne culture c'est quand il y a un bon précèdent »
Les parcelles sont délimitées en fonction de ce cycle long. À Ifer, chaque parcelle fait environ 3,5 ha (1hectare, c'est à peu près 1 terrain de foot). 
7 ha sont semés en blé utilisé par Sylvie pour faire le pain vendu à la ferme.
9 ha sont des prairies permanentes (par opposition aux prairies temporaires) et n'entrent pas dans le cycle de rotation des cultures.

1ère étape de notre parcours : la prairie en pâture.

Les vaches sont à la salle de traite, toute proche.
La culture de l'herbe nécessite une gestion précise. Une prairie est caractérisée par différents paramètres. Comme sa composition : semis de différents mélanges de graminées (fétuque, Ray grass, dactyle...) et de légumineuses (trèfles, luzerne …). Comme la hauteur de l'herbe, sa maturité et sa qualité (teneur en matière sèche et en azote). 
Il s'écoule environ 35 jours entre 2 pâturages sur une même parcelle : les vaches entrent quand l'herbe atteint environ 10 cm, elles en sortent quand elle est à 5 cm. Ceci, afin de favoriser la meilleure alimentation et la meilleure repousse. 
trèfle et ray-grass

Suivant l'importance des pluies, de la lumière et de la chaleur, l'herbe va croître plus ou moins vite et sa qualité va varier.
Par exemple, l'herbe stoppe sa croissance au dessus d'une température de 25 °. Mais si elle manque de soleil et de chaleur comme ce printemps, elle va avoir une forte teneur en azote et être un peu trop laxative pour les vaches. Il faut leur proposer un complément plus sec, plus énergétique, du foin par exemple.
Les refus sont les touffes d'herbe poussées sur les bouses que les vaches ne broute pas sauf s'ils sont fauchés.


2ème étape : la prairie de fauche.

En descendant la rabine pour nous y rendre, nous admirons les très vieux pommiers : ils disparaissent peu à peu car ils ont 80 ans et ont largement dépassé la limite d'âge.
Cette prairie a été semée avec un mélange de luzerne, de trèfle et de graminées. 
luzerne, trèfle et pois

La luzerne est une légumineuse très répandue dans le monde entier car elle est très résistante à la sécheresse grâce à ses racines profondes.
Dans nos régions, une prairie se fauche 3 fois par an : fin avril pour l'ensilage (fort taux d'humidité de l'herbe) ; puis un foin au printemps et un autre à l'automne.
Cette année, le foin de printemps, compte-tenu des pluies abondantes, a été conditionné selon la technique de l'enrubannage. C'est un moyen terme entre le foin (88 % de matière sèche) et l'ensilage (30 % de matière sèche). 
Pour la santé des plantes, il faut les laisser monter en fleur une fois par an.


3ème étape : le champ de méteil (au dessus de la prairie de fauche).


triticale, avoine et pois
Semé d'un mélange de triticale (hybride entre seigle et blé, très résistant aux maladies), d'avoine et de pois (légumineuse), il produit un aliment concentré et équilibré pour les vaches. Avec l'apport énergétique fourni par les céréales et l'apport en protéine des pois. 

Ce méteil est moissonné quand il est à maturité : observation de la dureté du grain. La paille servira pour la litière des animaux comme celle du blé.
Certains épis ont versé sous l'effet de la pluie et du vent, ce qui n’empêchera pas la moissonneuse de les ramasser.


4ème étape : un vêlage au champ.

Nous observons de loin la mise au monde, sans remue ménage, d'un petit veau. 
premiers pas

Nous rapprochant, Yvonnick nous présente Espérenza, la mère et Hacienda, la nouvelle-née. La déclaration de naissance donne lieu à une identification matérialisée par les 2 boucles d'oreille garantes de la traçabilité.Très rapidement (20/30 minutes) Hacienda cherche à tenir debout et finit par y parvenir après de nombreuses chutes. Puis elle se dirige vers les mamelles de sa mère, primipare, qui met un peu de temps à se laisser faire.
La gestation a duré 9 mois ; 6 semaine avant le vêlage, on « tarit » la vache (on ne la trait plus pour qu'elle se repose). Le vêlage se passe généralement sans aucune intervention. La vache mange son placenta. La séparation se fait dès le 1er jour afin d'éviter le stress. Le lait de la mère est commercialisable au bout de 7 jours.
À Ifer, il y a 45 vaches laitières et il faut environ 15 génisses par an pour le renouvellement du troupeau. Les mâles sont vendus.

5ème étape : le champ de maïs.

Ce maïs est destiné à l'ensilage après hachage de toute la plante (tige, feuilles, épis) quand le grain n'est pas encore sec. Ce maïs est stocké sous bâche afin de permettre une fermentation anaérobie. 
Sylvie et Yvonnick
Cela constitue un aliment pour les vaches l'hiver en association avec l'ensilage d'herbe et le foin.
Possibilité également de stocker le maïs sous forme de bouchons déshydratés.
Un labour peu profond (10 à 15 cm) est utilisé afin de désherber la parcelle avant les semis. Ce désherbage est ensuite continué par le passage de la herse étrille  à 2 cm de profondeur au moment des semis et par le passage de la bineuse qui nécessite un réglage très précis.

6ème étape : le champ de blé.

Chaque grain semé il y a 9 mois a donné 3 épis de maïs par tallage. La culture du blé nécessite plus d'eau que celle du maïs mais pendant la période hivernale à l'inverse du maïs.
le champ de blé

Sylvie décortique le grain pour éprouver sa dureté et donc sa maturité. La moisson s'effectue quand la teneur en humidité du grain est descendue à 14 %. La moissonneuse travaille vite et bien. 
Nous admirons le mélange des épis et des coquelicots (qui font des graines en très grande abondance, dont les racines sont importantes et qui ne font pas d'aliment ….).



7ème étape : retour à la 1ère pâture,

où les vaches se sont installées après la traite. Nous repérons les 3 races : Holstein, Normande, Montbéliard.

la pâture

8ème étape : discussion autour du nouveau PLU.

Des terres agricoles (environ 12 hectares) y sont déclarées « à urbaniser » pour pouvoir étendre les zones d'activité du Pont d'Ohin (Mailleux) et du Boulais. 
Ces terres se trouvent faire partiellement partie de la ferme d'Ifer (environ 6 hectares).
Sylvie et Yvonnick n'ont pas été associés à l'élaboration du PLU et n'ont même pas été informés de cette modification importante.
Ils sont venus protester lors du dernier Conseil municipal pour défendre la cohésion de leur ferme, la cohérence de leur travail qui valorise une ressource non délocalisable (« les meilleures terres d'Acigné »?), qui participe à la préservation du milieu naturel, de l'eau, de la biodiversité.
De ce point de vue, on peut souligner que l'usine Mailleux est située dans un bas-fond, c'est-à-dire une zone particulièrement sensible. Imperméabiliser encore des terres dans cette zone aurait un impact fort sur le milieu.
Les zones d'activité sont évidemment utiles. Mais, comme pour les habitations, on peut se poser la question des limites … , de choix politiques, de réorganisations ...
Avec Via Silva, la ville de Rennes va rejoindre la rocade nord-est. De l'autre côté, cette dynamique urbaine est-elle vouée à poursuivre sa route de façon inéluctable ? Juste bornée par de jolies trames vertes et bleus ...
L'enquête publique aura lieu à l'automne. Les plans cadastraux avec délimitation des zonages sont consultables sur demande à l'accueil de la mairie.

lundi 20 août 2012

Préserver la vie des sols : Claude et Lydia Bourguignon à Acigné au Triptik, mardi 23 octobre 2012 - 20h30




Proposer des solutions locales vers une agriculture plus respectueuse de la terre et de l’humain est le thème de la conférence que Claude et Lydia Bourguignon tiendront à Acigné le 23 octobre prochain. Cet évènement est l’un des temps forts d’une démarche conjointe entre l’association Courants Alternatifs et les agriculteurs d’Acigné, en partenariat avec la Bonne Assiette, dans le but de jeter des ponts entre le monde agricole et le grand public.

Claude et Lydia Bourguignon sont experts en microbiologie des sols. Depuis 20 ans, ils arpentent la planète et ont analysé dans le laboratoire qu’ils ont créé (le LAMS) plus de 6000 sols afin de préconiser aux agriculteurs des solutions pour réintroduire la vie dans des sols la plupart du temps moribonds.
Après avoir ausculté cette terre, ces « médecins du sol» comme ils aiment à se définir, nous livrent leur diagnostic… plutôt pessimiste.

Mais si l’agriculture d’aujourd’hui est dans une impasse, des solutions existent !

S’appuyant sur des expériences réussies d’autres formes d’agricultures et sur les dernières recherches en microbiologie du sol, Claude et Lydia Bourguignon proposent une nouvelle voie pour l'agriculture du XXIe siècle.

L'agrologie, science de l'agriculture écologique, est fondée sur une perception fine des relations complexes qui unissent le sol, les microbes, les plantes, les animaux et l'homme. Elle développe l'usage de nouvelles espèces déjà sélectionnées par la nature pour leur aptitude à restructurer les sols, à récupérer les engrais lessivés par les pluies, à pousser sur des sols pauvres ou arides.

Du sol, dont l’agriculture intensive avait décidé de se passer, Claude et Lydia nous expliquent avec passion toute la richesse. Ils nous montrent aussi, malgré tous les traitements chimiques et les pesticides qu’il a pu recevoir, sa capacité à se régénérer, si on sait y faire. Comme le dit Lydia, « la nature est bonne fille »!

Espérons qu’avec la demande actuelle de plus en plus forte vers des produits sains, nous saurons trouver le chemin d’une agriculture respectueuse de la vie des sols et de la Vie tout simplement...



vendredi 29 juin 2012

Quand les Acignolais des villes ont rendez-vous
avec les Acignolais des champs ...


Visites guidées sur le terrain avec David Jouault, 

les 12 mai et 9 juin 2012

CR par Hélène Poirier



Suite aux rencontres récentes de Courants Alternatifs avec les agriculteurs locaux, David Jouault nous avait proposé un rallye-ferme sur son exploitation. Deux visites ont été organisées, qui nous ont permis de découvrir l'histoire de cette exploitation, ainsi que la démarche de David et les évolutions qu'ils mettent en place avec Aline, son associée. David nous a guidé à travers les champs du Plessis et des Hautes Escures, pour nous montrer ses expériences, nous faire toucher et sentir les différentes qualités du sol, nous faire comprendre l'agriculture telle qu'il la pratique au quotidien.

Présentation générale :

David a grandi dans une famille d'agriculteurs installée aux Landelles à Thorigné-Fouillard. Après 6 mois de stage au Danemark à l'issue de sa formation, il a cherché un terrain pour s'implanter en 1ère couronne de Rennes. Mais en ce début du XXIème siècle, et malgré les aides à l'installation dont il pouvait bénéficier, ainsi que du soutien de ses frères, du notaire et du banquier de famille qui connaissaient bien le milieu agricole, il lui aura fallu 3 ans de recherches avant de trouver … L'exploitant des Hautes Écures sur Acigné part en retraite. Un accord est finalement conclu, et David peut s'installer enfin en 2002. Il reprend le cheptel de vaches laitières et l'exploitation de 50 ha de terres agricoles autour des bâtiments.

Pour autant, les premières années sont difficiles : des travaux de mise aux normes sont nécessaires, le prix du lait chute … Cette période difficile est l'occasion d'une réflexion sur les vrais choix que souhaitent David et Aline avec laquelle il s'est associé en 2006 – 2007. Cette association a permis de regrouper l'exploitation des Hautes Écures et 50 ha de terres du Plessis ("parmi les meilleures terres d'Acigné"), pour cultiver blé, maïs, luzerne, pois, colza … à la fois pour nourrir le cheptel de vaches et pour la vente. Des accords avec les agriculteurs voisins en élevage porcin, permettent de récupérer les effluents et de les épandre sur les terres des Écures (possible car il n'y a ni point d'eau, ni riverain) pour un bénéfice réciproque et une indépendance vis-à-vis de la production. L'intégration de réseaux associatifs (CETA, BASE) leur permet également d'échanger sur les pratiques techniques et économiques entre agriculteurs, de comparer leurs expériences et leurs résultats.

En parallèle, la rencontre de David avec Frédéric Thomas est déterminante : en associant les techniques sans travail du sol, la conception de nouvelles rotations de cultures, les couverts végétaux et les apports de compost, celui-ci a réussi à améliorer la fertilité de ses sols (pour plus d'info : http://www.agriculture-de-conservation.com/spip.php?page=sommaire).

Un choix d'orientations est pris entre associés, qui vise à produire en sorte d'avoir un revenu décent, tout en ayant un bon bilan carbone (moindre consommation de pétrole) :
  • il faut partir du sol et voir ce qu'il demande ("il faut faire du surf !"). C'est une chance d'avoir de très bonnes terres au Plessis : il y avait antérieurement des porcs et bovins et elles ont reçu une fumure équilibrée. Et comme il n'y a plus d'animaux dessus, il n'y a plus de compactage ; elles ne nécessitent donc plus d'être labourées pour décompacter.
  • vers une agriculture sans labour : ça remue moins le sol, ça préserve le travail qui s'y fait tout seul (grâce à l'action des vers de terre, bactéries et champignons). De plus, ça limite l'usage du tracteur et donc la consommation de pétrole.
  • le choix des outils et du matériel se fait maintenant sur le critère "comment il va vieillir" et en adaptation aux réels besoins du terrain
  • semi direct pour les cultures qui s'y prêtent + sélection d'engrais verts en rotation et associations de plantes ("à terme, l'idéal, c'est la permaculture !") avec gestion des récoltes multiples sur une seule phase de semis … dans la limite des contraintes règlementaires toutefois …


Aujourd'hui, le bilan "efficacité technique" est positif : rapporté à une production de 1000 L de lait et 1 ha de blé, les résultats production / charge de David et Aline les placent parmi le tiers supérieur des exploitants en Ille et Vilaine.

Mais passons sur le terrain …


Observations :
  • les outils : pelle, couteau, pénétromètre (pour simuler la zone d'exploration d'une racine)
  • le relief du terrain, l'humidité dans les champs 
  • le travail des vers de terre (nombre de galeries, différents type de vers de terre …)
  • degré de fermentation (versus oxydation) des végétaux en décomposition grâce au travail des champignons et bactéries


David nous explique quelques principes de base pour développer la biomasse (vers une agriculture "écologiquement intensive") :
  • planification et rotation des plantes + complémentarité des semis en sorte d'avoir 2 récoltes pour un seul passage de semis, et d'avoir toujours un sol couvert
  • faire des analyses des plants pour évaluer les carences en azote ou si le sol a pu exprimer tout son potentiel : l'intérêt d'un sol bien structuré (= moins travaillé au labour), c'est qu'il réagit plus vite au stress des intrants (herbicide, engrais), et qu'on a donc moins besoin d'en mettre. Les doses que David est amené à mettre sont de l'ordre du dixième de celles mises d'habitude.


Les difficultés rencontrées :
  • la Directive Nitrate votée au niveau européen n'autorise pas tous les engrais verts.
  • l'épandage de lisier (cf plus haut) se fait avec un outil qui écrase les cultures de blé quand elles sont montées : on ne peut donc le faire qu'avant. Une fois que le blé est levé, l'apport d'engrais se fait au moyen de perles d'azote diffusées par une trémie montée sur un tracteur plus léger
  • C'est quand on coupe le blé en été, qu'il faudrait pouvoir enrichir le sol en semant un engrais vert (pour ne pas laisser la terre à nu), et nourrir la terre avec de l'épandage (qu'il est obligatoire d'enfouir dans les 24H) ; or à cette période de l'année, cela est interdit par la législation …
  • en ce qui concerne la protection contre les pesticides pulvérisés, David explique que les protections individuelles sont contraignantes (manque de visibilité, encombrement des gestes …) et pour être vraiment efficaces, il faudrait changer les filtres à chaque fois, ce qui revient cher. Il en met pour les fongicides (qu'il estime être les plus dangereux pour lui), mais sinon, il préfère la ventilation de son tracteur sans cabine !
  • les corbeaux mangent les graines semées, et même les jeunes plants en tirant dessus (pour y faire face, il existe des graines enrobées d'un répulsif et vomitif …)
  • les limaces font également des ravages dans les cultures. Mais certains ont observé que quand elles s'attaquent à une espèce de plantes, elles restent sur cette espèce ensuite ; d'où l'idée de semer en même temps que ce qu'on souhaite récolter, une autre plante qui va pousser plus rapidement et qu'on ne cherche pas à récolter (sur laquelle les limaces vont jeter leur dévolu !). Il semblerait par ailleurs que les limaces mangent les pucerons … elles ne seraient donc pas si "nuisibles" que ça ? à vers la lutte intégrée …


Les expériences :
  • Le Plessis - Champ commun (4,4 ha) : du maïs précoce a été planté en semi direct avec un outil totalement réaménagé qui ne travaillera que là ou la semence en aura besoin : une dent prépare le chemin des futures racines, et un jeu de disques rotatifs ouvre juste le sillon, dépose les graines puis les recouvre. Les racines peuvent ainsi pousser facilement, et profiter du travail des vers de terre restés à côté. Un herbicide chimique est pulvérisé pour supprimer les indésirables qui font concurrence. Cet hiver, David avait mis de l'engrais vert, qu'il a passé au rouleau quand il a gelé pour faire un paillis, et la décomposition des racines a permis de nourrir le sol. Mais il a fallu passer un coup de glyphosate quand même, parce que tout n'avait pas gelé complètement.
  • Le Plessis - Recusses Haut (2,5 ha) : champ de luzerne, au milieu de laquelle ont poussé les cultures de l'an dernier (colza, blé …) Il y aura une première coupe qui sera donnée aux vaches, et la luzerne repartira toute seule après, pour que la seconde récolte soit assez propre pour pouvoir être vendue, sans avoir recours à un herbicide (dans la mesure où une diversité d’espèces est tolérée). Lors de notre deuxième visite, le champ a été coupé, la première récolte était en fait suffisamment propre et a pu être vendue.
  • Le Plessis - La Prée Sec (4,8 ha) : ce champ de pois planté en semi direct est attaqué par les pucerons. Le risque est qu'ils apportent un virus qui nanifie les gousses de pois … David hésite encore : traitement ou pas ? (le choix de ne pas en mettre sera finalement retenu) On observe ici l'effet talus : en bordure de champ, près des haies, l'ensoleillement est moindre et les plants lèvent moins ; une bande juste après en revanche, concentre la pluie et lève beaucoup plus, si bien que l'ensemble s'équilibre.
  • Le Plessis - La Prée Humide (5,1 ha) : ce champ a été planté en monoculture de maïs depuis 30 ans, avec un rendement stable. Le problème, c'est la résistance du liseron, car il n'existe pas de molécule efficace dessus. Cette année, David a tenté de semer du maïs sur 2 bandes croisées : l'une travaillée superficiellement avec un outil qui gratte la terre sur 3 cm, l'autre en perpendiculaire, en semis direct. Malheureusement, l'expérience n'est pas concluante : visiblement, ce champ n'est pas prêt pour le semi direct précoce … Cependant un second semis accompagné d’un grattage de surface à réussi à valider le concept du semis direct (si l’on accepte ce léger compromis) un mois et demi plus tard !!
  • Les Ecures : un champ de maïs planté sur une ancienne prairie a suggéré l'idée de conserver le trèfle pour qu'il nourrisse le maïs. Toutefois, il a fallu gérer l'équilibre pour que le trèfle ne prenne pas le dessus, quitte à passer un peu d'herbicide pour en limiter la croissance et permettre au maïs de dominer. L'idéal serait de pouvoir semer des haricots et du soja en inter-rang dans le maïs. En attendant de pouvoir le faire, David va semer une prairie qui sortira au moment de la récolte du maïs, pour permettre d'y installer les bêtes.
  • Dernier champ de notre visite, en bordure de forêt : sur cette ancienne prairie détruite au glyphosate, l'expérience de semis direct simplifié de maïs ne semble pas avoir marché non plus : la température ? le couloir de vent ? Décidément, ce métier est un peu aussi comme jouer au poker !?!

mercredi 28 mars 2012

Poissons de saison ?


Hello,
Ce matin,  avant de partir au marché, je me demandais : mais quels sont les poissons de saison en ce moment ?
Sur internet, j'ai trouvé ce site de notre administration nationale :
              http://alimentation.gouv.fr/consommateur-responsable
Il couvre plus large que les poissons, vous y trouverez aussi les fromages de saison et bien sur les légumes.
Pour les poissons, j'ai enregistré aussi ce petit tableau qui résume les informations de saison, de provenance, de cuisson, etc...
              http://www.bretagne-qualite-mer.com/images/banque-images/recettes/saisons.pdf

Au printemps

Finalement, j'ai acheté deux maquereaux que je vais sans doute cuisiner au cidre sur lit de poireaux.
Pour le fromage, j'ai aussi pris un fromage de saison qui était justement en dégustation : du Valençay, un fromage de chèvre.


 



En général

Vous pouvez aussi suivre les conseils de Mister Goodfish qui propose aussi une liste des espèces recommandées pour la saison avec photos et recettes :

vendredi 16 mars 2012

Visite de la ferme d’Ifer (Sylvie et Yvonnick Letort)


CR par Dominique Talidec
Samedi 3 mars 2012
Super accueil, 4 h de visite approfondie !
En illustration de cet article, vous pouvez aussi regarder l'album photo réalisé par François Jonquet :


Présentation générale :
Ferme de taille moyenne, 62 hectares, où les champs sont regroupés autour des bâtiments de la ferme. La surface des champs est d’environ 8 ha. (1 ha équivaut à peu près à la surface d’un terrain de foot).
Sylvie et Yvonnick ne sont pas propriétaires mais locataires : sous le régime du fermage. Ce fermage s’est transmis dans la famille d’Yvonnick depuis l’installation de son arrière grand-père (meunier) en 1905. Les champs étaient alors plantés de pommiers (tous les 20 mètres) sous lesquels étaient pratiqués des cultures. Le revenu provenait de la vente de cidre à Rennes.
Il n’y a pas eu de remembrement mais beaucoup d’arbres et de haies ont disparus. La route qui monte à la ferme s’appelle « la rabine », ce qui signifie un chemin planté d’arbres.
Les arbres ont été enlevés entre autres quand le prix du blé est devenu beaucoup plus cher que celui du bois. Aujourd’hui l’entretien des haies pose de nouveaux problèmes : les copeaux de bois nécessitent de grandes surfaces de stockage pour un long séchage : les fagots sont peu utilisables et il est interdit de les bruler dans les champs …
Aujourd’hui l’extension de l’urbanisation est une menace pour cette ferme très proche du bourg et de l’usine Mailleux.
Le projet global :
Elevage de vaches laitières en « agriculture biologique » : la ferme est envisagée comme un système autonome (les vaches se nourrissent sur la ferme …) dont les éléments sont en interactions (les vaches apportent leurs déjections au sol …).
Service à la population locale : en entretenant et valorisant des terres agricoles, en protégeant l’environnement (eau …), en produisant des aliments de qualité, etc.
La conversion au bio nécessite l’aide de l’Etat (financière et technique) car beaucoup d’agriculteurs sont convaincus des bienfaits de la bio mais craignent d’être dépassés (« mauvaises herbes », etc.).
Les cultures :
Aujourd’hui les champs nous semblent tous uniformément couverts d’une courte végétation verte et nous traversons des champs qui ressemblent tous à des prairies. Mais ce n’est pas toujours le cas.
L’agriculture biologique nécessite une rotation des cultures pour préserver les sols et leur fertilité. Ce qui implique nécessairement des parcelles plus petites qu’en monoculture.
À Ifer, il s’agit d’une rotation sur 7 ans : 5 ans de prairie, puis 1 an de blé (pain, paille), puis 1 an de mélange céréalier + pois (aliment pour les vaches).
Au cours de cette visite, Sylvie et Yvonnick nous présentent trois types de parcelles :
  • Le champ du mélange céréalier (en haut à gauche, quand on monte la rabine) :
Mélange composé de tritical (nouvelle céréale), d’avoine et de pois (riches en azote) ; semé en novembre et moissonné en juillet. C’est un mélange propre au bio, équilibré (nutrition) et dont le pouvoir couvrant étouffe les « mauvaises herbes » (pas de sarclage).
La densité de couverture est due notamment à la propriété de tallage de l’avoine : une graine donne 4 pieds et 4 épis (voir photo de François).
  • La prairie : base de l’alimentation des vaches (80%).
Aujourd’hui, on voit l’aspect grumeleux de la terre entre les touffes indiquant l’activité intense des vers de terre en cette période. 
On ne la sème qu’une fois et pendant 5 ans on entretient la prairie en organisant le passage des vaches et les fauches en fonction de la pousse de l’herbe (mesurée avec l’herbomètre) et des besoins.
Semis avec un mélange de graminées (Ray grass, fétuque …) et de légumineuses (luzerne, trèfle …) qui ont la propriété de fixer l’azote de l’air. C’est bon pour le sol et pour l’équilibre alimentaire des vaches. Délai de 35 jours entre 2 pâturages des vaches sur une parcelle afin de rétablir l’équilibre entre repousses des graminées et des légumineuses (qui sont très prisées des vaches mais provoquent un météorisme qui peut leur être fatal).
Les prairies viennent de terminer leur 2 mois de repos annuel (amélioration de leur portance), les vaches sont sorties. Pour favoriser le tallage et la pousse de l’herbe nouvelle, elles vont rapidement passer dans toutes les parcelles (3 à 4 jours par tranche de 4 ha) : cela s’appelle le déprimage.
Ensuite, au printemps, l’herbe pousse très vite et elle est très humide : elle est coupée pour l’ensilage. C'est-à-dire qu’après la coupe, elle est rapidement séchée (1 jour) puis hachée et tassée sous une bâche pour provoquer une fermentation lactique (comme pour la choucroute).
En été, le fauchage pour le foin nécessite une semaine de beau temps pour le séchage dans le champ (certains agriculteurs investissent dans des granges/séchoirs comme l’éleveur bio sur la route de Noyal).
En automne les vaches repassent sur toutes les parcelles.
Les vaches nourries à l’herbe bénéficient d’une alimentation riche en oméga 3 (le lin n’ajouterait rien).
  • Le champ de blé : cette année dans le champ de la Grange (juste derrière la grange, à
droite quand on arrive dans la cour).
C’est une plante sarclée comme le maïs.
Aujourd’hui le blé est en herbe. Il a été semé à l’automne et passe 9 mois en terre avant la moisson. Son enracinement est très profond (1.50 mètre) (10 cm pour le maïs).
Le rendement d’un champ bio est nettement moins élevé (45 quintaux/ha) que celui d’un champ « conventionnel » (85 q/ha) mais son prix est 2.5 fois plus élevé.
En « conventionnel », les apports d’azote sous forme minérale peuvent se faire juste au moment où la plante en a besoin. Mais les fongicides sont nécessaires du fait des faibles rotations qui pourraient endiguer le développement des champignons.
Prix plus élevé et coûts moins importants : le bilan économique est satisfaisant en bio.
Le grain de blé moissonné doit sécher un peu (3 mois) avant d’être moulu. Il passe à la trieuse pour éliminer les autres graines.
Les vaches :
45 vaches + 45 génisses (pendant 3 ans). Ce qui fait environ 1 vache/ha de prairie.
Ce qui fait 75 UGB (Unité gros bétail).
3 races :
- Holstein (noire et blanche) : la plus anguleuse ; ne donne pas de viande mais beaucoup de lait.
- Normande : plus de graisse et de protéines dans le lait.
- Montbéliard (marron et blanche) : bonne pour la viande.
En moyenne sur l’année, à Ifer, les vaches donnent 20 litres de lait par jour pendant 300 jours. Elles se reposent 2 mois avant le vêlage suivant. Une vache fait un veau par an (9 mois de gestation) pendant 5 à 7 ans. Ensuite, c’est l’abattage.
Le vêlage ne nécessite généralement aucune intervention humaine. Le veau reçoit un nom commençant par la lettre de l’année en cours et rappelant celui de sa mère. À 2 mois, l’utilisation du brule-corne permet d’éviter la pousse des cornes et les blessures de combat.
Les mâles sont vendus rapidement.
Les génisses doivent être très bien nourries pendant les 6 premiers mois pour favoriser leur développement. Âgées d’un an, elles sont moins bien nourries afin de prévenir l’excès de graisse et les mammites. Un fourrage assez grossier et piquant favorise le développement de la panse. Mises à l’herbe, elles se développent de façon spectaculaire.
La panse sert à la rumination. Les fibres piquantes déclenchent cette activité. L’observation du nombre de coups de gueule par bol alimentaire remonté de la panse donne un aperçu de l’état de santé d’une vache.
En moyenne sur une année, chaque vache reçoit 18 kg de matière sèche /jour.
À l’étable, on utilise 120 tonnes de paille par an : 2 balles par jour.
Près de la salle de traite, utilisation d’un tableau annuel des cycles de chaque vache (voir photo de François).
Le contrôle laitier établit par un service extérieur permet de suivre le profil du lait de chaque vache très régulièrement.
Et après :
Pour suivre l’activité de la ferme selon les saisons, Sylvie et Yvonnick sont prêts à nous accueillir à nouveau, nous pouvons aussi observer l’évolution de l’herbe et des cultures dans les champs lors de nos passages à Ifer pour ravitaillements et lire les nouvelles sur le site internet d’Ifer : 
http://www.fermebio-ifer.fr/actualites.php

mardi 13 mars 2012

Animation Courants alternatifs et agriculteurs d’Acigné le 05 /03/2012


CR par Valérie Vaissaire



Vision de l’agriculture aujoud’hui  à Acigné   

L’agriculture à Acigné est présentée comme une agriculture familiale :
  •         35 exploitations de taille moyenne (60 ha par ferme)
  •         production diversifiée (toutes les productions présentes : lait, porcs, lapins, abeilles, chèvres, chevaux, poulets, pommes maraichage culture)
  •        productive, maîtrisée employant des hommes et des femmes et respectueuse de l’environnement (raisonnée)
  •         beaucoup de formations reçues
  •         réseaux de distribution diversifiés : vente directe (assez peu), laiteries, coopératives
  •         peu rémunératrice, différence de rentabilité entre les productions
  •         cohérente avec une vision à + 5ans

Avec quelques points négatifs soulevés (pas spécifiques à Acigné):
  •         une agriculture dépendante du pétrole, des protéines.. et de l’industrie (élevage de volaille hors sol)
  •         un manque d’intégration à la société (coupure ville / campagne)
  •        problème de la pollution de l’eau / Algues vertes
  •        une agriculture « artificielle » qui répond plus à la demande (supposée ou créée par le marketing ?) des consommateurs qu’aux besoins de la nature (et de la santé des hommes)

une agriculture en mutation de plus en plus respectueuse de l’environnement 
mais qui se cherche encore entre économie et écologie

Vers quelle agriculture rêvée ?
  •        conserver le schéma familial (+ d’emploi agricole)
  •        des terres agricoles (limitation de l’urbanisation et + de fermes)
  •        une agriculture indépendante, + autonome, pouvant nourrir la population locale
  •        élevage ouvert
  •        locale (privilégier les circuits courts) organisée pour la commercialisation de ses produits
  •        qui favorise les liens agriculteurs / consommateurs (échanges, partage de connaissances, de semences, de plants…)
  •        que toute la population puisse se réapproprier=> développement du jardinage individuel (ou collectif) de la cueillette
  •        sensibilisation de la population aux cycles naturels (produits locaux et de saison)
  •        des produits de qualité, mieux valorisés et sains (pour la santé)

une agriculture reconnue pour son rôle sur l’environnement, 
respectueuse de la terre et des hommes